Guerschon Yabusele : Son parcours NBA, ses ambitions avec les Bleus et sa free agency à venir

Guerschon Yabusele : Son parcours NBA, ses ambitions avec les Bleus et sa free agency à venir

Actuellement à Miami où il poursuit son entraînement en vue de l’été, Guerschon Yabusele nous a accordé une interview exclusive pour évoquer sa saison réussie en NBA, ses perspectives pour la free agency et ses ambitions avec l’équipe de France pour l’Euro à venir.

Un entraînement rigoureux malgré l’intersaison

Même si la saison NBA s’est terminée plus tôt que prévu pour lui, Guerschon ne s’accorde pas de repos. À Miami, il maintient un programme d’entraînement intensif :

« En ce moment, je suis à Miami, je m’entraîne pour être prêt pour cet été. Généralement, je commence toujours par environ une heure de musculation avec Andy à Cor Fitness vers 9h ou 10h. Ensuite, je vais m’entraîner avec Ronnie Taylor, un entraîneur de basket, pour une heure supplémentaire. »

Une préparation qu’il juge nécessaire après une fin de saison précoce : « Comme je disais en rigolant avec mes agents, c’est la première fois que je suis en vacances tôt et je commençais à m’ennuyer à la maison. Je veux vraiment préparer mon corps pour cet été, pour le championnat d’Europe qui est l’un des plus durs. Ça va être physique et intense, et je veux avoir toutes les cartes en main pour performer. »

Un retour réussi en NBA

Après cinq ans loin de la NBA, Guerschon a fait un retour remarqué cette saison avec les Philadelphia 76ers. Il revient sur cette expérience avec enthousiasme :

« C’est assez incroyable. Des fois, rien que d’en reparler, de repenser à tout ce qui s’est passé depuis l’été dernier avec l’équipe de France puis le retour en NBA, j’ai l’impression d’être dans un petit rêve. Cette année, je ne m’étais pas mis de pression. Je m’étais dit que j’allais venir et profiter au maximum de cette expérience, contrairement à ma première expérience qui s’était terminée rapidement sans que je le voie venir. Après 5 ans, je voulais vraiment prendre du plaisir sur le terrain et m’amuser. Et ça s’est bien passé, je suis assez content de la saison que j’ai pu faire. »

L’expérience européenne, un atout majeur

Guerschon estime que son passage par l’Europe et ses années avec l’équipe de France ont été déterminants dans sa progression :

« Les cinq dernières années m’ont vraiment préparé pour être au maximum de mon niveau. J’ai appris en expérience, que ce soit avec l’équipe de France où j’ai fait 4 ans et trois finales, ce qui m’a préparé à cette adversité. Et puis Madrid aussi, évoluer dans cette franchise a été incroyable. Pour moi, c’était ce qui se rapprochait le plus de la NBA. J’ai pu vraiment m’améliorer et comprendre le jeu beaucoup mieux. »

Une saison compliquée mais formatrice à Philadelphie

La saison des Sixers a été marquée par de nombreuses blessures, notamment celle de Joel Embiid. Une situation que Guerschon a su transformer en opportunité :

« C’est vrai que ça a été compliqué. À un moment, je me disais ‘Wow, c’est une situation très compliquée’. Mais dans ce petit mal, j’ai eu ma chance avec du temps de jeu. Du fait qu’on n’avait pas beaucoup d’intérieurs, j’ai dû jouer poste 5, alors que normalement je suis poste 4. J’ai pu m’adapter et ça m’a donné plus de minutes. J’ai joué sur le poste 4, sur le poste 5, parfois pendant plusieurs matchs d’affilée. »

Le soutien de l’équipe et du staff

Guerschon souligne l’importance du soutien reçu pendant cette période difficile :

« J’avais le soutien des autres joueurs qui savaient que ce n’était pas une situation idéale pour moi. J’avais aussi le soutien de tout le coaching staff et même des dirigeants qui me disaient chaque jour à quel point ils étaient contents de tous les efforts que je donnais pour la franchise. Ça m’a vraiment beaucoup aidé mentalement. »

Face aux géants de la NBA

Jouer au poste 5 a confronté Guerschon à certains des meilleurs intérieurs de la ligue. Il nous livre son analyse sur les plus difficiles à défendre :

« Il y en a quelques-uns. Je pourrais commencer forcément par Jokic parce qu’il est hyper grand, large, il utilise très bien son corps. Il sait aussi comment jouer les fautes. Si tu laisses juste ta main traîner, il va la prendre et obtenir des fautes. Il faut être concentré sur lui chaque seconde et ne pas lui donner d’espace parce qu’il est tellement intelligent, il a un QI très haut, il va trouver un moyen de scorer et de chercher les fautes. »

« Après il y avait aussi Sabonis. On ne dirait pas comme ça, mais il est très musclé, très fort et tout le temps actif. C’était dans une période où nous, on enchaînait les back-to-back, les matchs et les voyages. Je jouais déjà 30-35 minutes par match, j’étais fatigué. Quand on est tombé contre lui, j’en pouvais plus, il me faisait courir dans tous les sens. »

« Et puis le dernier, je dirais De’Aaron Fox, c’est vraiment le mini-Jokic. Pas pour lui enlever ses qualités à lui, parce que c’est son propre joueur, mais il a une façon de jouer un peu comme Jokic où il passe, où il est vraiment très intelligent et il a une facilité à trouver les paniers en dessous du panier. C’est un joueur contre qui il ne faut pas faire d’erreur. »

Apprendre aux côtés d’Embiid

Évoluer aux côtés de Joel Embiid a également été une expérience enrichissante pour Guerschon :

« C’est quelqu’un qui bosse. Même quand il était blessé, qu’il avait des douleurs au genou, il essayait quand même de s’entraîner. Tu te rends compte que quand lui est sur le terrain, l’attaque est focalisée sur lui. Ils vont même aller à une personne, deux personnes, des fois même une troisième qui va être entre les deux. Donc nous, on sait qu’il faut qu’on soit prêt à shooter quand on a la balle et qu’on fasse du mouvement. J’ai appris à jouer d’une manière différente que je n’avais pas forcément connue avant. »

Des statistiques encourageantes

Avec 38% de réussite à trois points cette saison, Guerschon a démontré ses qualités de shooteur, malgré un temps d’adaptation :

« C’était pas trop mal franchement. Ce n’est pas ma meilleure année mais c’est déjà pas mal, surtout en NBA avec la ligne qui est un peu plus loin et les ballons qui sont différents. Je suis quand même très content d’avoir pu shooter à 38%. »

« On en rigolait avec Tyrese Maxey la dernière fois. Il me disait : ‘Quand tu es arrivé en présaison, franchement, je pensais que tu ne pouvais pas shooter. Tu en ratais tout le temps et j’avais l’impression que tu ne pouvais pas shooter.’ Et il a ajouté : ‘Après, la saison a commencé et tu mettais tout, je me suis dit : mais qu’est-ce qui lui arrive ?’ C’était en fait le petit temps d’adaptation avec les balles, avec les cercles, avec la distance. »

La free agency : une période excitante

Alors que la période de free agency approche, Guerschon se montre plus excité que stressé par cette nouvelle étape de sa carrière :

« Ce n’est pas forcément stressant, je dirais vraiment excitant. Il y a cette adrénaline de savoir que c’est la première fois que je vais rentrer en free agency en NBA. J’aime bien utiliser le mot ‘enchères’ parce que c’est un peu comme ça que ça va se passer. C’est vraiment les équipes qui vont parler entre elles. Tout le monde m’a dit : ‘Profite, c’est quelque chose qui est vraiment excitant de savoir qu’il y a quelques équipes qui te veulent et qu’elles vont essayer de se battre pour te prendre.’ C’est assez cool comme sentiment. »

« De ce que j’ai cru comprendre, Philly aura l’avantage par rapport aux autres équipes, une semaine avant pour faire leur offre. Donc ça dépendra de leur offre, on saura à peu près comment ça va se passer. Mais je suis vraiment excité, dans quelques semaines ça commence, j’ai hâte de voir comment ça va se passer. »

Les critères de choix pour son futur

Quand on lui demande ce qui sera important dans sa décision, Guerschon évoque plusieurs facteurs :

« Sans parler d’argent, c’est déjà le temps de jeu. C’est très important. Cette année, j’ai vraiment pris du plaisir, c’était incroyable quand on avait une période où on gagnait des matchs d’affilée, de faire partie de ça. Donc déjà ça, je ne voudrais pas que ça change. »

« Ensuite, quand les minutes sont bonnes, je regarde aussi l’équipe. Je n’ai pas envie d’aller dans une équipe où je vais jouer 30-35 minutes, mais où on ne fait que perdre. Ce n’est pas amusant non plus. J’aimerais trouver ce milieu où je peux avoir des minutes, être avec une équipe qui joue la compétition, qui essaie de jouer pour quelque chose, pourquoi pas le titre. »

« Après, forcément, l’argent aussi rentre en compte. Aujourd’hui, je suis père de famille. J’ai l’impression que toute ma carrière, j’ai fait des paris où il fallait que je perde un peu d’argent. Donc aujourd’hui, j’aimerais bien avoir une bonne stabilité financière, cette sécurité pour moi et ma famille. Idéalement, que ces trois éléments s’alignent, avec aussi un bon coach et une bonne équipe. »

Une année 2023-2024 exceptionnelle

Quand on lui demande si cette année a été l’une de ses meilleures, Guerschon fait le bilan :

« On m’a posé la question si c’était une de mes meilleures années et j’ai réfléchi un peu. Il y avait aussi l’année avec Madrid où on a gagné l’EuroLeague, mais quand je regarde cette année : à Madrid on a fait trois trophées sur quatre, on a fait les JO en France à Paris avec une médaille d’argent et un gros dunk, et le retour en NBA qui se fait plutôt bien avec peut-être la chance de pouvoir signer un bon contrat. C’est vrai que quand on regarde cette année, elle est quand même assez incroyable. »

Les finales NBA et l’avenir

Concernant les finales NBA en cours, Guerschon avoue qu’il les regarde avec un sentiment mitigé :

« Je regarde oui et non. Ça m’énerve un peu parce qu’en fait je regarde en me disant : ‘On aurait pu y aller, pourquoi on n’y est pas ?’ J’ai toujours ce petit truc de juger un tout petit peu, de me dire qu’on aurait pu être là. Ça commence à me saouler et je suis vraiment en train de juger le match comme si je jouais. Après j’ai directement envie de jouer au basket. La dernière fois, je demandais à ma femme quand recommence la saison alors qu’on n’est même pas encore rentré dans l’été ! »

Sur l’affiche Boston-Indiana, il se montre surpris mais admiratif :

« C’est une affiche qui me surprend à 100%. Pour Indiana, quand on me demandait, je ne disais pas forcément qu’ils allaient arriver là, mais pour les avoir suivis, ce qu’ils ont fait est incroyable. Je suis obligé de respecter et de dire félicitations. Personne ne les attendait là. Même pour les avoir joués cette année, je savais qu’ils étaient une équipe assez forte, mais honnêtement je ne les voyais pas arriver jusque-là. »

« Je sais que vraiment les playoffs NBA, c’est la concentration, la détermination, il faut qu’on soit tous focus sur le même objectif. Et là, on voit clairement qu’ils se battent pendant 48 minutes, ils sont concentrés. Je ne peux que dire félicitations, c’est incroyable ce qu’ils font. »

L’Euro avec l’équipe de France : le prochain objectif

Pour conclure, Guerschon évoque ses ambitions avec l’équipe de France pour l’Euro à venir :

« Je suis aussi excité d’aller cet été avec l’équipe de France pour l’Euro. C’est vrai qu’il y a vraiment des équipes qui progressent de plus en plus et je pense que le niveau de compétition générale va être vraiment haut. Ça ne sera pas facile, mais je pense que nous, on va être vraiment prêts. On va faire un gros travail et il y a moyen de faire quelque chose cette année. »

Quand on lui suggère que 2025 pourrait être son année avec une médaille d’or à l’Euro, Guerschon conclut avec ambition : « Là, ça serait incroyable. Là, c’est clair que ce serait une de mes meilleures années. »

Un été crucial s’annonce donc pour Guerschon Yabusele, entre sa future équipe NBA à déterminer et l’Euro avec les Bleus. Une chose est sûre : nous avons hâte de le retrouver sur les parquets.